Les forêts fournissent une multitude de services essentiels à la société, tels que la préservation de la biodiversité, la conservation des sols et de la qualité des eaux, ainsi que la capture et le stockage du carbone. Cependant, la surexploitation de la forêt peut mettre en péril ces services, en relarguant du carbone dans l’atmosphère par exemple. De ce fait, les forêts occupent une place centrale dans les stratégies de protection de la biodiversité et de lutte contre le changement climatique.
Les forêts et le cycle du carbone
Le cycle du carbone, qu’est ce que c’est ?
Lorsque l’on parle de cycle du carbone on fait référence au ensemble des échanges de carbone, on parle aussi de cycle biogéochimique du carbone. Sur terre, les échanges s’effectuent entre les quatre grands réservoirs de carbone : atmosphère, biosphère, hydrosphère et lithosphère
Ce cycle est particulièrement important pour la biosphère puisque la vie est basé sur des composés carbonés. Les échanges de carbones entre les différents réservoirs est à la base du développement des êtres vivant sur Terre.
Cependant, la question du changement climatique a fait prendre un tournant décisif à l’étude de ce cycle. En effet, deux gaz à effets de serre sont en cause dans le cycle du carbone, le méthane (CH4) et le dioxyde de carbone (CO2), étant les principaux gaz carbonés atmosphérique.
Les forêts jouent un rôle important dans le cycle du carbone. La biomasse absorbe chaque année 385 Gt de gaz carbonique, soit 105 Gt de carbone. 54 % de cette absorption a lieu dans les écosystèmes terrestres (chiffres tirés du site Académie agriculture). En effet, les arbres participent à cet effort en absorbant le CO2 de l’air grâce au processus de photosynthèse qui leur permet d’utiliser la lumière du soleil comme source d’énergie, on parle alors de puit à carbone car elles absorbent plus de CO2 qu’elles en libère.
De plus, ce processus permet de produire de l’oxygène et de stocker le carbone sous forme de biomasse (tronc, branches, feuilles). Le carbone reste alors « piégé pendant des années, contribuant ainsi à réduire la quantité de CO2 présent dans l’atmosphère.
Déforestation, changement climatique et carbone
En 2020, la FAO, alertait sur le fait que la forêt mondiale a perdu « presque 100 millions d’hectares » au cours des 20 dernières années. Les superficies forestières continuent de décliner, bien que moins rapidement, que les décennies précédentes.
Le saviez-vous ?
La proportion de la surface terrestre couverte par les forêts est passée de 31,9% en 2000 à 31,2% en 2020 soit une perte d’environ 100 millions d’hectares de forêt. Mais cette déforestation n’est pas repartie équitablement sur la surface du globe. La déforestation touche surtout l’Afrique subsaharienne et l’Asie du Sud-Est, où elle s’est plutôt accélérée au cours des dix dernières années, ainsi que l’Amérique latine et centrale, où elle a plutôt tendance à ralentir (d’après le site Géo, consulté le 28/10/24).
La déforestation réduit la capacité de la planète à absorber le CO₂, contribuant ainsi à l’aggravation du changement climatique. Lorsqu’un arbre meurt ou est abattu, le carbone stocké dans sa biomasse est libéré dans l’atmosphère sous forme de CO₂. Cette libération peut être immédiate, notamment lors de la combustion provoquée par les feux de forêt ou la déforestation, ou progressive, par la décomposition naturelle du bois mort. Ce processus augmente la concentration de CO₂ dans l’air, renforçant l’effet de serre et le réchauffement climatique.
De plus, la déforestation entraîne également une dégradation des sols forestiers, qui contiennent de grandes quantités de carbone protégées par les racines et la couverture végétale. Lorsque ces arbres disparaissent, les sols deviennent vulnérables à l’érosion et au relargage du carbone stocké, amplifiant encore l’impact environnemental.
Le carbone et la sylviculture
La gestion des forêts influe donc sur le stockage de carbone dans l’atmosphère. Les dynamiques de stockage de carbone dans la biomasse forestière dépendent de trois paramètres principaux :
- L’accroissement biologique des forêts;
- La mortalité naturelle (le bois mort continuant à stocker du carbone jusqu’à sa décomposition)
- Le prélèvement du bois qui provoquent des réémissions par décomposition et/ou combustion (le bois prélevé et transformé continue à stocker du carbone durant leur durée de vie)
De ce fait, les pratiques sylvicoles auront un impact déterminant sur la capacité de la forêt à stocker du carbone. En effet, le choix des essences d’arbres influe aussi sur le ce stockage. Par exemple, l’accroissement des populations de résineux étant plus important que les populations de feuillus, leur stock de carbone augmentera plus rapidement. De plus, le choix des types de sylviculture sera déterminant. Les taillis à courte rotation, fourniront des stocks de bois plus important mais réduiront la taille des stocks de carbone car les coupes fréquentes participeront à la réémission de carbone dans l’atmosphère. A l’inverse, la production de bois d’œuvre demandant une production d’arbres aux diamètres plus importants (arrivant plus tard dans la durée de vie des arbres) permettra un stockage plus important et sur une plus longue période de temps.
Enfin, le débat entre la plantation de nouvelles forêts et la préservation des forêts naturelles oppose deux approches de lutte contre le changement climatique. Les plantations capturent rapidement du carbone mais offrent une biodiversité limitée et une moindre résilience. Les forêts naturelles, en revanche, stockent du carbone de manière plus durable et soutiennent une biodiversité riche, essentielle pour leur stabilité écologique. Une approche complémentaire, alliant préservation des forêts existantes et reboisement intelligent, pourrait maximiser les bénéfices pour le climat et la biodiversité.
- https://www.youtube.com/watch?v=x5qFDA6jCpI
- https://www.cc-montesquieu.fr/fileadmin/mediatheque/CCM/1-DOCUMENTS/HORIZEO/Sequestration_de_carbone_et_gestion_forestiere.pdf
- https://www.onf.fr/onf/+/1ba9::la-strategie-carbone-de-lonf.html
- https://www.cnpf.fr/atelier-carbone-et-sylviculture
- https://cibe.fr/wp-content/uploads/2021/04/2021-04-ADEME_EXPERTISES_Foret-climat-PRINT-BAT5.pdf
Le carbone et la filière forêt-bois
La filière forêt-bois présente des atouts quant à son impact sur le développement durable et la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Il est dit que la filière forêt-bois permet un vrai service rendu sous la forme des 3S :
- Séquestration : la forêt capte le CO2 par le processus de photosynthèse
- Stockage : en utilisant le bois des arbres comme matériaux, une partie du carbone reste stocké dans produits bois
- Substitution : l’utilisation du bois énergie et du bois matériaux permet d’éviter d’avoir recours à des matériaux plus énergivore en énergie fossile
A cela s’ajoute l’effet cascade : Le bois est un matériau écologique et renouvelable avec lequel rien ne se perd, tout se transforme. En utilisant le bois en cascade, c’est-à-dire en optimisant son usage depuis la construction jusqu’à la production d’énergie, on maximise sa durée de vie et son impact positif. Cette approche permet de remplacer des matériaux plus polluants et de réduire les émissions de gaz à effet de serre, car chaque utilisation du bois joue un rôle dans la captation ou la substitution du carbone. En fin de vie, le bois peut encore être valorisé comme source d’énergie, fermant ainsi le cycle sans gaspillage.